En ce matin du 6 septembre, nous sommes 44 amoureux de l’Italie prêts à embarquer à Luxembourg dans l’avion qui, 2:15 plus tard, nous déposera à Bari, capitale de la province et de la région des Pouilles.
À notre arrivée, nous rencontrons Pasqua, qui sera notre guide accompagnatrice pendant tout le voyage. Maître de conférences et férue d’histoire, nous remarquerons vite qu’au-delà de sa passion et de sa grande culture historique, elle peut très vite prendre des allures de « mamma italienne » quelque peu autoritaire. L’histoire de cette région d’Italie, pleine de rebondissements, elle va nous la servir à la louche, comme un copieux minestrone, parfois jusqu’à plus faim !!… mais elle peut aussi gronder, imposer sa parole et son savoir, vouloir régenter l’organisation du groupe, bref, toujours penser à bien ”cadrer” ses ouailles.
L’hôtel Torre Guaceto se situe à 400 mètres de la plage, sur l’Adriatique. La répartition des logements par îlots de 4 à 6 chambres dans un parc arboré et fleuri, nous permettra de bien nous reposer au fil des étapes. Nous nous préparons en effet à parcourir 1400 km de route en car, à travers les Pouilles.
Chaque matin, nous partons à la découverte d’endroits magnifiques sous le soleil généreux du sud. Un seul orage viendra assombrir notre promenade dans la très belle ville de Lecce.
Notre première visite sera le Castel Del Monte : un château médiéval, octogonal, tout à fait hors norme pour l’époque. Il date du 13ᵉ siècle et a été construit sous Frédéric II de Souabe, immense personnage de l’histoire germanique, empereur extrêmement érudit et ouvert sur le monde. Il était aussi très délicat, particulièrement dans la confection des tisanes offertes aux femmes qui l’aimaient ”trop” !!!
Quant au château, il est inscrit par l’UNESCO au patrimoine de l’humanité, pour son caractère exceptionnel, dont sa modernité pour l’époque : un système hydraulique permettant d’y installer une salle de bains et des toilettes.
Cette première visite nous fait immédiatement percevoir, à travers le discours de Pasqua, combien, sur cette terre où la présence humaine est attestée depuis des millénaires, les civilisations se sont croisées, emmêlées, juxtaposées et ont influencé tout ce patrimoine architectural unique. Les Grecs, les Romains, les Normands, les Lombards, les Germains, les Byzantins, les Sarrasins, Les Ottomans, les Angevins, les Aragonais… et j’en passe… Tous ces conquérants ont peu à peu constitué le peuple des Pouilles, ses traditions, sa culture et ce que nous admirons dans chaque cœur historique : un formidable patrimoine.
Ce sont souvent des églises, des couvents, des palais et des forts de défense, comme ceux de Bari, Trani et Otrante. Chaque bâtiment religieux a une histoire, souvent liée aux reliques des saints patrons auxquels ils sont dédiés.
Nous écoutons, entre autres, le récit des miracles de saint Nicolas, pèlerin dont le culte est toujours très vivace à Trani – la cathédrale romane y est magnifique – ou à Bari dans la basilique immense dédiée à (notre) saint Nicolas dont la belle crypte byzantine accueille le tombeau et les reliques miraculeuses, ou encore à Otrante où on peut se remémorer grâce aux ossements conservés, le martyr de 800 chrétiens décapités par les Ottomans.
Ces édifices religieux sont très bien restaurés, vestiges du style roman ”apulien” particulier à cet endroit, mais aménagés au fil des siècles avec des éléments baroques très particuliers. À chaque fois un émerveillement !
Otrante nous a aussi séduits par son château défense monumental, construit au 15ᵉ siècle et par les mosaïques au sol de sa cathédrale romane du XI – XIIe siècle.
Ces mosaïques constituaient un vrai livre d’édification de l’âme chrétienne pour tous ces fidèles, la plupart du temps analphabètes. Elles nous furent magnifiquement expliquées par notre guide Pasqua. Fabuleux héritage !
Ostuni, la ville blanche au bord de l’Adriatique, construite sur un promontoire, est ravissante avec ses ruelles, ses passages fleuris, très harmonieuse avec ses façades blanchies à la chaux : l’endroit idéal, au milieu de ces grands monuments historiques, pour déguster une délicieuse glace italienne.
Nous nous souvenons aussi du plaisir de déambuler dans le labyrinthe des ruelles fleuries, d’admirer de très jolies boutiques colorées d’artisanat local, ou de déguster un rafraichissement sur des petites places ombragées dans des petites bourgades comme Martina Franca ou Locorotondo avec parfois, comme fond de carte postale, le bleu de l’Adriatique.
Dans les collines qui bordent cette très grande plaine des Pouilles, nous découvrons aussi Alberobello et son village bien conservé, composé de plus de 1600 trulli. Abri de fortune des bergers depuis des temps immémoriaux, ces constructions en pierre sèche locale se sont perfectionnées au fil des temps jusqu’à constituer de véritables villages à partir du 16ᵉ siècle… Et elles sont toujours debout à notre époque ! Site classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, ces maisonnettes blanchies au toit conique sont ravissantes et certaines, joliment décorées. Elles nous racontent leur histoire à travers de petites expositions et de coquettes boutiques d’artisanat.
Enfin, il nous faut parler de Matera, unique au monde avec ses habitations si particulières : les Sassi ou maisons troglodytes.
Le centre de la ville actuelle borde un ravin qui plonge vers une rivière. Depuis le Néolithique, à cet endroit, la roche, très friable, a été creusée de grottes qui furent très vite habitées par des humains. Au fil des siècles, cet amoncellement de maisons troglodytes a créé une ville dans la ville, abritant des milliers de personnes.
Au XXᵉ siècle, cette région, oubliée du pouvoir central, est devenue peu
à peu un endroit très pauvre, malsain, siège de maladies comme la peste, la malaria ou le choléra. L’hygiène domestique étant quasi inexistante, entre hommes et animaux qui cohabitaient, la mortalité infantile était de l’ordre de 50%.
Il a fallu attendre les années 1950 – 1960 pour que, peu à peu, les gens soient évacués et logés… souvent dans des HLM !
Ce patrimoine extraordinaire n’a été revalorisé qu’à la fin des années 1980 grâce, encore, à l’UNESCO. Un site stupéfiant et émouvant, car il nous a fait penser à cette misère que fuyaient les Italiens du sud pour venir travailler au fond de nos charbonnages.
Mais l’Italie du Sud, c’est aussi la délicieuse cuisine, la musique et la danse.
Nous n’avons pas été en reste, notamment lors des délicieux repas pris dans les fermes d’agri-tourisme, au milieu des oliviers parfois millénaires (les Pouilles sont une région phare du pays pour l’huile d’olive, le blé dur et la vigne).
On se souvient de la belle ambiance musicale créée dans la somptueuse Masseria Casamassima, sous des airs de tarentelle… Et nous n’avons pas boudé notre plaisir de participer à certaines danses. Quelques prestations de chansons françaises et de bans liégeois ( certains membres du groupe ont été de bons meneurs d’ambiance!!) ont agrémenté cette soirée un peu… internationale.
En conclusion, un très beau voyage, avec un groupe attentif à chacun, toujours respectueux des consignes données, une belle humeur et la présence constante, souriante et attentive de nos accompagnateurs : Martine et Bernard.
MERCI !!!!
Jocelyne